La Croix-Rouge Togolaise à 50 ans


la Croix-RougeTogolaise: une cascade de volontaire au service de l'humanité
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PROGRAMMES/PROJETS

Le projet de lutte contre la cécité dans la Région Centrale et le district sanitaire de Bassar 

offrir des perspectives

La lutte contre la cécité dans la Région Centrale et le district sanitaire de Bassar est un projet du Ministère de la Santé soutenu par la Croix – Rouge suisse. Ce projet vise spécifiquement le dépistage et la prise en charge de la cataracte et la prise en charge des amétropies (surtout en milieu scolaire). Des volontaires ont été formés pour assurer la mobilisation communautaire et la prise de l’acuité visuelle en milieu communautaire en soutien aux acteurs du Ministère de la Santé. Les TSO (Techniciens Supérieur d’Ophtalmologie) recrutent les patients à la périphérie à travers les consultations soit au poste fixe dans les hôpitaux de districts soit en stratégie avancée dans les communautés. Le coût de la chirurgie de la cataracte est estimé à 50 000 F CFA dans la Région Centrale. Il est subventionné par la Croix – Rouge Suisse et il est demandé à chaque patient une contribution de 15 000 F CFA qui devrait servir à garantir la pérennité du projet. Malheureusement, ce coût demeure trop élevé par rapport aux revenus des communautés et seulement 50% des patients dépistés pour une cataracte mûre arrivent effectivement à se faire opérer. En 2009, au total 20 480 personnes ont été consultées, 696 cataractes mûres diagnostiquées, 355 personnes opérées de cataracte et 21 personnes ont bénéficié de la chirurgie oculaire pour d’autres pathologies (18 ptérygions  et 3 trichiasis). Le CSR (Cataract Surgical Rate) est ainsi estimé à 592 contre 500 pour la moyenne africaine.

prise en charge des amétropies en milieu scolaire

En ce qui concerne la prise en charge des amétropies en milieu scolaire, il est prévu la visite de 10 établissements scolaires du premier degré par district (soit 50 au total) chaque année. Dans chaque établissement, tous les élèves sont consultés. Ceux qui présentent une amétropie sont ensuite « corrigés » et des verres correcteurs leurs sont prescrits. Pour renforcer la collaboration et la communication entre les parents, les enseignants et les techniciens du Ministère de la Santé, des enseignants sont formés à la prise de l’acuité visuelle afin de dépister assez tôt les difficultés de vision chez leurs élèves. En 2009, 100 enseignants ont été formés, 6 478 élèves ont été consultés, 418 élèves amétropes ont été dépistés dont 259 corrigés. Malgré la disponibilité de lunettes complètes pour enfants à coût subventionné par la Croix – Rouge suisse, l’accès n’est toujours pas aisé. Une paire de lunette complète coûte en moyenne 10 000 F CFA au centre d’optique réhabilité par la Croix – Rouge suisse au sein du CHR Sokodé.
Comme on peut le constater, malgré la subvention des soins oculaires, l’accès surtout financier demeure difficile pour la plupart. Aujourd’hui, le lien entre cécité et pauvreté n’est plus à démontrer, les deux se renforcent mutuellement. Alors une seule question, quelle approche pour sortir de l’ombre ces milliers d’aveugles qui ont besoin d’aide ?

Témoignage d’un enseignant opéré de cataracte bilatérale

Je m’appelle Panawa, je suis un enseignant volontaire âgé de 48 ans exerçant dans la préfecture de Tchamba. Mon mal avait commencé par une vision floue qui s’accentuait au fil des jours. Je ne voyais que du brouillard mais comme je n’avais pas d’argent (je gagne 5000 Fcfa irrégulièrement versé par mois) je ne pouvais pas me faire soigner. J’ai difficilement continué par préparer mes fiches. L’écriture sur le tableau et sur mes fiches n’est plus droite. Je n’arrivais plus à ni lire, ni corriger les cahiers de mes élèves. Je ne reconnaissais plus mes élèves et pire mes propres enfants. La Directrice de l’école voyant ma peine, me dispensait parfois des cours. Je me disais que si ma femme me trompait je ne le saurai jamais. C’était pour moi un drame !
Dans ces conditions, je préférerais mourir !
Je me demandais souvent si ce n’était pas un envoûtement. Je suis devenu totalement aveugle et j’ai définitivement cessé d’aller à l’école le 12 novembre 2007. Je ne pensais plus pouvoir guérir jusqu’à ce qu’un jour j’apprenais qu’un spécialiste des yeux devrait passer pour faire des consultations dans un établissement scolaire du village voisin. Après m’avoir examiné, le technicien m’a dit que je pouvais me faire opérer pour recouvrir la vue. C’était une très bonne nouvelle et un soulagement mais en même temps une source d’inquiétude. Comment pourrait se faire une telle opération me demandais-je constamment? Enlèvera t-on l’œil de son orbite pour le fendre ? Où trouver l’argent de l’opération ? Ma Directrice m’a beaucoup rassuré et ma femme m’a aidé à vendre le reste de mes vivres pour payer les 15000Fcfa. J’ai été opéré le 07 décembre 2007 de l’œil droit. Déjà sur la table opératoire, j’avais commencé par percevoir la lumière.  Et dès le lendemain, j’avais commencé par voir malgré le bandage. C’était un véritable miracle ! Je ne pouvais plus contenir ma joie. J’ai poussé ma curiosité pour lire les inscriptions sur un carton en dégageant légèrement le bandage. Je revoyais de nouveau et je n’en revenais pas. J’étais aux anges. J’ai recommencé par voir mes enfants qui ont beaucoup grandi et ma femme est redevenue plus belle. J’ai beaucoup admiré le pagne qu’elle avait porté ce jour et que je n’avais jamais vu auparavant. Avec le seul œil droit j’ai pu préparer et passer le concours de recrutement des enseignants. Dans l’attente des résultats de ce concours, je me suis fait opérer du deuxième œil le 11 mars 2008. J’ai appris que ces interventions ont été faites grâce à la Croix Rouge.